PAROLES DE LLIMACE

Les textes de Llimaces font se méler l’intime au politique, abordant des sujets tels que
l’homophobie, la transphobie/enbyphobie. Llimace parle aussi d’amour tout doux, tellement
doux qu’on a même plus peur de s’y laisser aller. Et Llimace parle encore d’un tas d’autres
choses.
Ses textes utilisent des accords gramaticaux et néologismes neutres, s’inspirant d’autaires
comme Alphératz, et de la multitude d’usages ayant lieu au sein de la communauté non-binaire
francophone.
CIEL
Ciel n’est pas bleu
Ciel a plus de couleur que ça
Ciel pas ceux
Ciel passe ou ne passe pas
Ciel sans milieu
Cieux dont l’immensité m’inonde
Ciel, pas que bleu
Pas pareil pour tout le monde
Ciel c’est tout doux,
J’comprend pas pourquoi on s’use
Pourquoi on dément ciel partout,
Pourquoi on le refuse
Ciel, c’est beau,
Pourquoi ne veux tu pas l’apprendre ?
Ciel, c’est pas nouveau
Pas si difficile à comprendre
Ciel, cieux dans yeux
Oragereuse est ma prose
Ciel hé rageux
fais moi taire si tu l’ose
Ciel j’fais c’que j’veux
Et ne déteste personne
Ciel plus grand que ceux
N’est que cela qui vous chiffonne ?
Ciel je l’avoue
C’est pas tous les jours facile
Ciel malgré tout
Reste ma terre d’asile
Ciel, tu verra
Cent peut-être après ma mort
Ciel touxe lo monde saura
Que tu es multicolore
TOUT ÇA C’EST PAS GRAVE
Il y a des jours comme ça
Où quoique l’on essaie
Y’a comme un caillou qu’est coincé là
Qui veut pas bouger
Moi mon caillou me dit
Avec une voix méchante
Que chui aussi conneZ que je suis lent
Qu’pour moi c’est fini
Hé, caillou
Ramène pas ta gueule, caillou
Moi j’connais les cailloux
Tout ce que ça fait c’est que ça cailloute
Tout ça c’est pas grave, tout ça c’est pas grave
Faut pas prendre la vie au sérieux
Tout ça c’est pas grave aujourd’hui t’en chie demain ça ira mieux
Il y a des jours comme ça
Où quoique l’on essaie
Y’a comme un caillou qu’est coincé là
Qui veut pas bouger
Moi mon caillou me dit
Avec une voix méchante
Que chui aussi conneZ que je suis lent
Qu’pour moi c’est fini
Hé, caillou
Si tu te sens seul caillou
J’danserai avec toi caillou
Ça m’fera un drôle de mouvement de hanche
Et ce sera pas grave, tout ça c’est pas grave
Faut pas prendre la vie au sérieux
Tout ça c’est pas grave aujourd’hui t’en chie demain ça ira mieux
TE MOQUE PAS D’MES MOTS
Hé, te moque pas d’mes mots. Mes mots disent qui je suis. Quand tu te moques de mes mots c’est de moi que tu rigoles, en même temps que de toux ciel qui comme moi parlent en même temps qu’als bricolent.
Ol. Va savoir pourquoi. Peut-être parce que le O forme une bulle ça veut dire beau ou belle dans mon langage à moi.
Hé, tu les vois dis, leurs étincelles ? Moi des mots, j’en ai plein les yeux, même que quand je pleure ça fait des étoiles coulantes, et je me sens si heureuxe lorsque j’en invente mais…
… Mes mots se cognent parfois, sur des portes fermées autour d’égos trop fragile. Peur cachées, blessures indélébiles qui au contact de mes mots se transforment en bêtise, violence incontinente et stupides accusations.
Insultes.
Qui comme toutes les insultes se retourne contre elle même car lorsque tu me traites de dégénéré c’est toi que tu traites d’imbécile, et ce sont tes oreilles que tu ferme à la musique de ma mot-vaise langue. Langue de pirate qui dégenre en même temps qu’elle dérange, sème le doute confronte à l’étrange, ouvre une brèche sur un ailleurs trop longtemps nié, aussi vaste et profond que la gueule qu’on peine à lui faire fermer.
Hé, crache pas sur mes mots. Qui es tu ? Qui sommes nous, petix humainx minuscules, pour de toutes les manières de parler choisir quelle est la bonne ? Mon lexique fait friser des oreilles, peut-être, mais moi quand j’cause j’frissonne.
Et cela même quand on se moque de mes mots.
Alors jure si tu veux sur la tête de ma grammaire. Si demain je tombe, à cause de la peur vilaine qu’on m’aura versé sur dos, mes mots resteront des mots. Ols voyagerons dans l’air, librement, se loveront dans les oreilles et les bouches de ciels qui en auront besoin. Jamais mes mots ne seront que les miens.
Ols voyagerons dans l’air, librement, se loveront dans les oreilles et les bouches de ciels qui en auront besoin. Jamais mes mots ne seront que les miens.